Luch One hand, à contre courant

Par VDB | le 12/02/21

Lorsque l’on parle de montres, on ne parle pas seulement horlogerie, on parle aussi souvent histoire, patrimoine et savoir-faire. C’est particulièrement vrai pour le spécimen qui nous intéresse aujourd’hui, puisqu’aux réputés industries Suisse, Japonaise ou Française, nous allons opposer une contrée bien moins connue, la Biélorussie, et même carrément l’ancien bloc des pays de l’est tant qu’on y est. Luch, la marque qui nous intéresse ici n’en est pas moins l’une des trop rare marque au monde à produire de ses propres mouvements, mais nous y reviendrons. Survivante de l’hécatombe ayant suivie la chute du rideau de fer, la marque Minskoise est d’ailleurs passée sous contrôle de Franck Muller en 2010, sans que cela ne change fondamentalement les choses. Si l’on trouve tout type de montre au sein du catalogue particulièrement riche du constructeur, l’une des plus connue sous nos cieux reste la « One hand », ou mono-aiguille de notre essai du jour.

Petite précision avant d’entrer dans le vif du sujet, la version actuelle de cette « One hand » se pare de la terminaison 3.0, par opposition à notre spécimen qui serait la version 2.0, précédente donc, mais d’une part il est encore assez facile sur la toile de la trouver en neuf, et d’autre part nous la trouvions plus jolie avec son cadran soleillé, très (trop ?) largement modifiée dans la nouvelle mouture.

Tout commence toujours par une boite, ici en carton et d’un petit format, mais décoré, et comprenant une petite bourse en tissu dans laquelle se cache la montre. Pas mal pour le prix, car oui, nous n’en n’avons pas encore parlé, mais cette Luch a le bon gout de s’offrir à tout petit prix, disons entre 50 et 100€ suivant les vendeurs. Remis en perspective, ce « packaging » pourrait faire rougir certaines concurrentes proposées 2 à 3 fois plus cher. Cet emballage referme également un petit dépliant reprenant les informations techniques de la montre (numéro de série, mouvement etc…) ainsi que probablement les informations de garantie et le mode d’emploi. Pourquoi probablement ? Parce que tout est marqué en Cyrillique, et il nous faut l’avouer, nous ne sommes pas bien doués en Biélorusse !

La montre apparait alors, bien brillante, d’aucun dirons trop, brillante. La matière, loin de l’acier 316L s’apparente plus à du « Cochonium », ne cherchez pas dans le dictionnaire, ça n’existe pas, mais à la rédaction, cela signifie : alliage indéterminé et indubitablement bas de gamme, composé de tout ce qui traine et ne coute pas trop cher… Cela dit, compte tenu du design et du gabarit, rien de vraiment choquant, lui donnant même un petit côté désuet un peu chic et définitivement habillé. Le boitier est bien rond, affublé de cornes bien… droites, assez fines et légèrement en retrait. Sa taille de guêpe, à peine 38mm de diamètre pour moins de 10mm d’épaisseur s’accorde parfaitement avec ce design, dans un rôle de « dress-watch » tout en finesse. Le cadran noir et soleillé, qui justifie à lui seul l’achat, donne beaucoup de profondeur à l’ensemble, fermé d’un verre minéral, un peu fragile mais en cohérence avec son utilisation. Index et chiffres sont imprimés, vous ne voudriez tout de même pas de l’appliqué à ce prix-là ! Les marquages justement, sont en Cyrillique ici, de haut en bas, « Luch », « 15 rubis » et « Bellarusse », mais il existe une version en Anglais, cela dit c’est à notre sens bien triste de choisir une montre exotique pour se retrouver avec de l’Anglais dessus !  

Venons-en au point essentiel, la lecture de l’heure, sur une montre mono-aiguille. Sans trahir un secret, vous pouvez oublier toute notion de précision à la minute, sans même parler des secondes… Le chemin de fer marquant des divisions toutes les 5 minutes avec un petit bâton, tous les quarts d’heure avec un bâton de taille intermédiaire, et les heures d’une marque plus importante. Vous allez donc vous retrouver, lorsque l’on vous demande l’heure, à répondre quelque chose comme : ben il est à peu près 11h 52, enfin quelque chose entre 11h45 et 12h. Mais c’est justement ce qui fait son charme, nous sommes même à deux doigts de parler de thérapie, pour ceux qui, comme nous sont un peu trop portés sur la seconde, une façon de relâcher une certaine pression en sommes.

D’ailleurs c’est plutôt la montre que l’on va porter dans des moments de détentes, là où le temps devient beaucoup moins présent, moins contraignant, ou l’on prend le temps de vivre.

Coté complication, c’est pas compliqué puisqu’il n’y en a pas. Il n’y a déjà pas l’aiguille des minutes, ce n’est pas pour mettre un guichet date ! Coté étanchéité non plus c’est pas compliqué, puisqu’il n’y en pas, non plus. Cela dit il ne viendrait à personne l’idée d’aller prendre sa douche avec cette Luch au poignet. Pas de luminova non plus, de nuit, prière d’allumer la lumière, ou de jeter un œil à votre smartphone.

Le bracelet en cuir, doté d’une boucle signée, apparait d’une qualité descente sur notre spécimen, ce qui ne semble pas toujours être le cas, de nombreux acheteurs se plaignant d’une qualité médiocre accompagnée d’une odeur de pétrole. La bonne nouvelle étant l’entre-cornes de 20mm, permettant de trouver aisément et à bon prix un bracelet de deuxième monte à votre gout. 

 

La salle des machines abrite un mouvement manufacture de référence 1801.1. Dans cette gamme de prix, c’est inédit, et c’est un argument de poids à l’heure du choix. Attention cependant, si toutes les One hand sont équipés de ce calibre, d’autre modèles de la marque, à commencer par la Big One hand, plus grande et montant en gamme, embarquent du Miyota, et c’est dommage, à la limite du sacrilège. Revenons donc à ce mouvement maison, oscillant à 21 600 battements par heure, il affiche 38 heures de réserve de marche. Par contre sa précision est annoncée entre -40 et +85 secondes par jour. Dans l’absolu, nous aurions trouvé à y redire, mais sur une montre mono-aiguille, c’est finalement assez cohérent, et suffisant.  

Au poignet, cette Luch se fait légère, une bonne quarantaine de grammes, moins qu’une G-Shock en résine, et son petit gabarit la rend confortable, y compris pour les petits poignets. Si sa précision toute relative peut paraitre dérangeante dans un premier temps, l’habitude vient vite, en même temps qu’une modification de son état d’esprit, tendant vers la zenitude, une vraie thérapie pour chrono-maniaque on vous dit. La couronne, simple et discrète n’appelle pas de remarque particulière.

Cette Luch One hand ne sera probablement jamais le garde-temps de vos rêves, ceci posé, elle ne dénote jamais non plus dans une collection, même prestigieuse. Bien au contraire, elle reste une pièce à part, que ce soit par son look avec son très beau cadran soleillé, son mouvement manufacture, aussi solide que son origine ne le suggère, et bien sur son concept décalé. Et puis compte tenu du faible effort financier qu’elle demande, et du cheminement philosophique qu’elle peut apporter, elle reste un maitre achat, un choix que l’on a peu de chance de regretter, et qui fait toujours parler. Très imparfaite donc, mais bourrée de charme, et au rapport qualité prix tous simplement inégalable.

 

 

En résumé: Modèle présenté au prix indicatif de 70€ TTC.

Dimensions:

38x44x8mm

Mouvement:

Mécanique à remontage manuel 1801.1, 38 hrs rdm, 21 600 alt/h

Boitier / Verre:

Alliage chromé / mineral

Bracelet:

Cuir, boucle signée

Cadran / Luminosité:

Noir soleillé

Complications:

N/A

Étanchéité:

N/A

Entre cornes:

20mm


L'avis de rédac' !

Style inimitable

Prix particulièrement contenu

Mouvement maison

Exotisme en version Cyrillique

Rapport qualité prix exceptionnel

Imprécision

Variation dans la qualité du bracelet

Matière du boitier et du verre