Vacheron Constantin, des pièces historique exposées à Paris

Par VDB | le 24/10/22

Des marques horlogères, il en existe une myriade, mais des manufactures historiques, cela devient moins fréquent, et c’est justement une manufacture historique, Vacheron Constantin, plongeant ses racines au milieu du 18e siècle, qui se rappelle à notre bon souvenir avec une exposition présentant un nombre limité de pièces, mais d’une qualité absolument renversante. Bien entendu, l’occasion était trop belle pour que nous passions à coté de l’occasion d’aller les admirer afin de vous les présenter ici.

Fondée en 1755, Vacheron Constantin est aujourd’hui la plus ancienne Manufacture horlogère à l’activité ininterrompue. Tout au long de cette formidable destinée, la Maison a nourri sa vocation pour la Belle Haute Horlogerie dans cet esprit éclairé du Siècle des Lumières qui l’a vu naître. Avec une maîtrise technique irréprochable, rappelons que son fondateur d Jean-Marc Vacheron fut nommé maitre horloger à l’âge 24 ans (!),  et un goût artistique nourri de son époque, Vacheron Constantin a tracé sa voie, laissant comme témoins de son histoire des garde-temps qui racontent un style ainsi qu’une certaine vision du temps.

Cette exposition permet donc de découvrir l’univers de Vacheron Constantin à travers une sélection de garde-temps emblématiques, qui témoignent d'un savoir-faire horloger exprimé avec style et élégance. Toutes racontent des histoires. Toutes parlent d’une horlogerie à la croisée des arts et des techniques. Toutes, enfin, incarnent la maxime de la Maison : « Faire mieux si possible, ce qui est toujours possible ». Pour illustrer ce riche héritage horloger, la manufacture présente des montres ayant marqué différentes périodes de son histoire en termes d'innovations, de techniques et d'esthétique, puisées dans sa collection privée, et qui seront exposés à 17 octobre au 26 novembre au sein de la boutique parisiennes situé aux portes de la place Vendôme. 

Montre de poche en argent, cadran émail – 1755

 

Commençons cette revue des pièces présentées avec le commencement, pour un retour en 1755. En effet, s’Il existe peu d’exemples du travail de Jean-Marc Vacheron, fondateur de la Maison au XVIIIe siècle, une époque où les horlogers ne produisaient guère plus d’une dizaine de pièces à exemplaire unique par an, nous avons aujourd’hui l’immense plaisir de contempler l‘une des premières, si ce n’est LA première pièce fabriquée par le maitre horloger ! Cette montre signée « J. M. Vacheron à Genève » sur le mouvement est la seule connue à ce jour portant la trace de son prénom. Pièce « fondatrice » datée de 1755, elle ne se distingue pas radicalement de la production horlogère genevoise des années 1750 à 1760. Elle n’en témoigne pas moins du soin apporté à l’esthétique horlogère. Dotée d’un échappement à roue de rencontre, elle est ornée d’aiguilles en or finement ciselées, tout comme le coq ou pont de balancier, la pièce la plus visible du mouvement une fois la boîte ouverte, délicatement ouvragé en élégantes arabesques. Ce décor raffiné a été repris en 2005 sur les calibres des montres créées à l’occasion du 250e anniversaire de Vacheron Constantin en hommage à son fondateur. Avec son boîtier en argent et son cadran en émail avec chiffres romains par lequel s’effectue le remontage à l’aide d’une clé, cette pièce témoigne de cette double exigence qui a fondé l’identité de la Maison : une technique horlogère irréprochable au service de l’esthétique.

Montre de poche en or jaune 18K, boîtier guilloché grain d’orge, cadran émail – 1825 

La date de 1819 est à retenir comme une étape déterminante dans l’histoire de Vacheron Constantin. Cette année-là, Jacques Barthélémy Vacheron (1788-1854), petit-fils du fondateur, scelle en effet une entente avec François Constantin, alors en charge du développement commercial de la Maison. Cette association réunit deux hommes qui partagent la même passion pour les montres techniques et précieuses, compliquées et élégantes à la fois. C’est d’ailleurs à François Constantin que l’on doit la devise de la Maison qui a traversé les siècles. Infatigable voyageur, il écrit le 5 juillet 1819 une missive à son nouveau partenaire l’incitant à « Faire mieux si possible, ce qui est toujours possible ». Bien décidé à donner à Vacheron Constantin toute l’aura internationale qu’elle mérite, François Constantin n’aura de cesse d’ouvrir de nouveaux marchés, de la Russie à la Suède, de l’Autriche au Brésil en passant par la Pologne, la Chine, le Mexique… 

Cette montre de poche en or jaune manufacturée en 1825 est ainsi l’une des premières a porter sur le cadran l’inscription « Vacheron & Constantin », une Maison nourrie de l’esprit des lumières désormais dotée d’une vraie dynamique entrepreneuriale par la combinaison de deux talents parfaitement complémentaires.

Montre de poche chronographe « Corps of Engineers » en argent, cadran émail – 1919 

 

La réputation de la marque s’est de tous temps forgée dans l’univers des complications horlogères. Sa parfaite maîtrise de la chronométrie, le calcul des temps courts, a permis aux chronographes de conquérir de nombreuses parts de marchés dès le début du XIXe siècle. Le plus ancien chronographe avec compteur des minutes remonte à 1874. Vendu aux États-Unis sur un marché hautement concurrentiel, ce modèle de poche montre combien la chronométrie Vacheron Constantin avait fait ses preuves.

Aussi, lorsqu’il s’est agi d’équiper ses bataillons du génie d’une montre fiable, lisible et résistante, l’armée américaine s’est naturellement tournée vers la manufacture. En 1917, le fameux « Corps of Engineers », une institution fondée en 1775 au début la Guerre d’indépendance, devait en effet être engagé dans des travaux de reconstruction en Europe. Après avoir soumis deux prototypes de chronographe de poche logés dans des boîtiers en argent et parfaitement lisibles grâce à une luminescence innovante au radium, Vacheron Constantin s’est vu passer commande par la Marine américaine de plusieurs milliers de pièces livrées jusqu’en 1919. Equipées de mouvements 19’’, dont certains en argent rhodié, elles sont gravées au dos des inscriptions « Corps of Engineers. U.S.A » et « Vacheron & Constantin Genève ». 

Montre chronographe en or rose 18k, cadran argenté, réf. 4178 – 1942

Nous changeons ici d’ère, avec l’avènement de la montre de poignet, qui devait confirmer la renommée de la Maison dans les montres chronographes à une époque où les montres-instruments allaient prendre une importance croissante, notamment avec la Référence 4178, bien connue des collectionneurs, et considérée aujourd’hui encore comme un modèle du genre. Fort de son succès grâce à la technicité de sa complication, ce chronographe en or 18k avec compteur 30 minutes est resté en production jusque dans les années 1970 apres 40 ans de carrière, équipé tour à tour des calibres V492 et V434, comme dans cette version de 1942 à compteur 30 minutes et double échelle de vitesse (tachymètre base 1000) et des pulsations cardiaques (pulsomètre 30 pulsations).

Techniques et fonctionnelles, ces montres n’en devaient pas moins répondre aux critères d’élégance chers à la Maison, avec un soin particulier apporté à l’esthétique de ces pièces. Des recherches stylistiques que l’on observe dès les années 1940 dans l’architecture des boîtiers et les lignes originales des cornes soudées, ici en forme d’éventail.

Montre « Les Quatre Grands » en or jaune 18K, cadran argenté, réf. 6032 – 1954 

 

Le 18 juillet 1955 débutait à Genève la conférence des « Quatre Grands », réunissant les chefs des gouvernements des États-Unis, de l’Union Soviétique, de la Grande-Bretagne et de la France, tous accompagnés de leur ministre des affaires étrangères et de leur délégation. En pleine guerre froide, l’objectif était d’entamer des discussions en vue d’une politique de détente dans les relations internationales de l’époque. Malheureusement aucun résultat concret ne fut obtenu à l’issue du sommet dont « l’esprit de Genève » constituait pourtant une raison d’espérer.

Mais la petite histoire dans la grande retiendra que chacun des huit chefs d’État et ministres sont toutefois repartis avec un cadeau offert par un groupe de citoyens genevois sous la forme d’une montre Vacheron Constantin gravée au dos du boîtier, accompagnée de ces mots : « …Puisse cette montre marquer toujours des heures heureuses pour vous-même, pour votre peuple et pour la paix du monde ». Ce modèle en or jaune référence 6032 est animé par le calibre 12’’1/2 P453/3B. Avec son diamètre de 34 mm, il présente un style à l’élégance épurée caractéristique de son époque. 

Montre « Jubilé 1755 » à calendrier en or jaune 18K, cardan argenté guilloché, réf. 85250 – 2005

 

Puisque fondée en 1755, Vacheron Constantin a fêté son quart de millénaire d’existence en 2005. Pour célébrer cet événement hors du commun, la Maison a créé une série de pièces anniversaires dont cette montre bracelet Jubilé 1755, référence 85250, produite en une série limitée de 1755 pièces en or jaune (500), rouge (500), gris (500) et en platine (250), auxquelles s’ajoutent 5 pièces non commercialisées. Ce modèle en or jaune, gravé « Musée », en fait partie. D’emblée réservée à la collection privée de Vacheron Constantin, cette montre signature de la Maison présente une esthétique classique intemporelle, rehaussée par son cadran subtilement guilloché. Montre à calendrier avec l’affichage de la date, du jour et de la réserve de marche, elle est animée par le calibre 2475, itération du 2450, soit le premier mouvement automatique entièrement conçu et réalisé au sein de la manufacture.

Estampillé Poinçon de Genève, certification parmi les plus exigeantes de la profession, ce modèle en porte l’emblème sur le cadran, positionné à 4h30. Étant donné l’importance de ce jubilé pour une entreprise créée sur le sol genevois, les autorités du canton de Genève ont en effet accordé une dérogation à Vacheron Constantin lui permettant d’arborer l’écusson du Poinçon de Genève côté face sur le cadran. Une faveur qui n’avait jamais été accordée auparavant. 

 

Six pièces, cela peut paraitre peu pour une exposition, mais pourtant, quelle émotion devant ces garde-temps ayant traversées l’histoire, au point que nous pourrions passer des heures à la contempler. Nous ne pouvons donc que vous recommander chaudement, si vous en avez l’occasion, de faire un crochet par la boutique parisienne, pour un petit moment hors du temps, une excellente occasion pour découvrir aussi les descendantes directes, au travers de collections actuelles, telle cette magnifique Traditionnelle automatique en or rose de 38mm (31 400€ ttc).