Zenith Surf 1970, le charme discret d’une vintage haute couture

Par VDB | le 03/11/21

Le temps passe vite, trop vite, et bien souvent nous emporte avec lui, à toujours regarder devant, y compris en matière d’horlogerie ! Une nouveauté chasse l’autre, et nous vous parlons à longueur d’année, avec le plus grand enthousiasme des nouveau modèles, mais une fois de temps en temps nous prendrons le temps de regarder en arrière, dans la multitude des marques et modèles ayant été fabriqués, pour nous arrêter sur ce riche passé, à travers un garde-temps que nous vous présenterons en test. Et pour commencer cette rubrique, quoi de mieux qu’une des marques les plus prestigieuses, Zenith, avec une montre de la fin des 60’s.

Petit retour historique, si la manufacture n’est désormais plus indépendante, bien qu’elle jouisse encore d’une large autonomie incluant certains privilèges, tel des mouvements maisons dont le légendaire El Primero, sa création remonte à 1865 par Georges Favre-Jacot qui n’a alors que 22 ans. Basée dans la ville Suisse de Le Locle, elle ne s’appelle pas encore Zenith mais « Fabrique des Billodes », du nom du… quartier ou elle se trouve, avant d’être rebaptisée « Georges Favre-Jacot et Cie ». Sous ce nom se développera toute une gamme d’instruments de mesure du temps, poussé par un processus d’industrialisation encore inédit à ce moment-là en Suisse. Ce n’est qu’en 1911, au moment de la transmission de l’entreprise à James Favre, le neveu du créateur, que le nom de Zenith, correspondant au best-seller de la gamme est adopté. Fait remarquable, les bâtiments de la marque se trouvent aujourd’hui encore sur le site du premier atelier de Georges Favre-Jacot, tout en s’étendant largement aux bâtiments adjacent, au point qu’un article complet serait à peine suffisant pour décrire l’essor immobilier de l’entreprise !

 

Revenons donc à notre spécimen du jour, produit à la toute fin des années 1960, son mouvement mécanique ayant été fabriqué de 1965 à 1969, mais son logo ayant été introduit en 1970. De bonne taille pour l’époque, avec ses 35mm de diamètre hors couronne (37.5mm avec), la belle ne fait pas si datée que cela, idéale pour ceux, tentés par une ancienne, mais n’assumant pas nécessairement les plus petits gabarits, les 30-32mm étant courant à cette époque, et correspondant plutôt à un diamètre féminin aujourd’hui. Ici, même si, de nos jours, elle pourrait être considérée comme unisexe, et habille parfaitement les 16.8cm de circonférence de notre redac’chef. Presque au carré avec ses 40mm de hauteur et sa forme coussin aux cornes intégrées, cela lui donne un design particulier et réussi. Ajoutons y une taille de guêpe, avec seulement 9,6mm d’épaisseur, et nous voilà avec une montre qui s’annonce facile à porter, d’autant que le poids de 46g toute mouillée ne devrait pas vraiment peser au poignet habitué à 2, voir 3 fois plus lourd. Le bracelet n’est pas d’origine, ce qui n’est pas une surprise pour une montre ayant largement dépassée les 50 ans, mais avec 18mm d’entre corne, il ne sera pas compliqué d’en trouver un à son gout. La couronne est également compacte et se trouve siglée de l’étoile stylisée. Le fond vissé qui, s’il n’assure pas une réelle étanchéité, doit au moins préserver de la poussière, et s’avère particulièrement sobre, affichant tout juste une référence, ainsi que le nom du modèle, qui sent bon le sable chaud : Surf !

Reste les aiguilles et le cadran. Marqué de très légère stries verticale, ce dernier a également bien vieilli, prenant une discrète patine, probablement amené par le traitement au Tritium des points horaires marquants le prolongement de chacun des chiffres appliqués. Le logo aussi est appliqué, surplombant le marquage ZENITH, un discret chemin de fer complétant le tout. Sobre et de bon gout. Les aiguilles bâtons en relief (heure et minute), comprenant elles aussi leur dose de matière luminescente (et légèrement radioactive…) font, également dans la discrétion distinguée.

 

Passons à la salle des machine, doté d’un mouvement mécanique manufacture 2542 ayant existé en versions automatiques (2542P et 2542PC (auto et date)), il était aussi disponible avec la date (2542C), la petite seconde (2541), voir même pas de seconde du tout (2540) ! Nous sommes donc ici en présence d’une classique 3 aiguilles, tout ce qu’il y a de plus simple avec ce 2542 tout court. 

Ok elle est bien jolie cette montre, mais est-ce qu’elle assure d’un point de vue technique ? Son mouvement peut être considéré comme un basique de chez Zenith, et c’est déjà bien alléchant. Loin de la sophistication, d’un El Primero, il a acquis une réputation de fiabilité inaltérable. De précision aussi, ce 2542 dérive du 2532 lui-même dérivé du… 2522 qui ne tournait qu’a 18 800alt/h contre 21 600alt/h pour notre modèle. A l’origine de cette lignée se trouve pourtant le 2511, arrivé chez Zenith lors du rachat de Martel Watch, mais développé par la suite par, et pour Zenith. Mais sa précision ainsi que sa réserve de marche de 50 heures ( !) plaident clairement pour lui. D’ailleurs son successeur 2572 (apprès les 2552 et 2562) tournant à 28 800alt/h se trouvera en production jusqu’à… il y a à peine quelques années dans la port royal de la collection héritage ! Nous parlions précision, et notre spécimen nous a gratifiée d’une très belle tenue de l’heure. En effet, si le timegrapher nous avait annoncé un raisonnable +10 seconde par jour, le test au poignet sur 15 jours n’aura au final vu qu’une dérive totale de 124secondes, soit +8.3s/jour, pas mal pour une mamie de plus de 50 ans, et à faire pâlir quelques jeunettes pourtant réputées ! Pour rappel, une certification COSC autorise de -4 à +6/jour sur une période de mesure de 10 jours, nous n’en sommes pas si loin. Et que dire des 49 heures et 34 minutes de réserve de marche mesurée, comparable à un mouvement de gamme moyenne d’aujourd’hui !

 

Sans surprise, cette Surf fait preuve d’un excellent confort au poignet, elle pose bien, n’est jamais gênante, même sur un petit gabarit, mais ne se fait pas complètement oublier malgré son poids plume. A l’image de son design, c’est une présence discrète et plutôt rassurante, tant elle ne s’impose pas mais vous accompagne avec bienveillance. Elle n’est clairement pas là pour en mettre plein la vue, mais plutôt pour attester de votre appartenance au club des amateurs, au sens noble du terme, et surtout vous donner à vous, beaucoup de plaisir horloger. L’antithèse de certains modèles bling bling à la mode en sommes. La lisibilité aussi est excellente, grâce aux grands chiffres appliqués, autant qu’au contraste bien senti entre le cadran et les aiguilles d’une bonne largeur. De nuit, le Tirtium ne fait plus son travail que quelques dizaines de minutes, ce qui n’a rien d’anormal pour un isotope de plus de 50 ans. Parfaite cette Zenith ? Presque, tant la manipulation de la petite couronne lors du remontage s’avère un peu difficile, y compris pour de petits doigts, revers de ce gabarit contenu.

 

Allez on vous voit derrière votre écran avec LA question qui vous brule les lèvres : Oui ok, elle est chouette, mais ça coute un bras une Zenith vintage, non ? S’il est facile de répondre à cette question pour une montre neuve, c’est toujours plus compliqué pour une ancienne, les prix fluctuants parfois énormément sur une courte période. Disons qu’a la vue du marché actuel, et pour autant que vous trouviez un modèle comparable à tout point de vue, la cote devrait probablement se trouver dans une fourchette comprise entre 450 et 900€, ce qui reste raisonnable pour un collector tout à fait capable de servir au quotidien, et qui est désormais lancé sur une (lente) pente ascendante. 

En résumé:

Dimensions:

35x40x9.6mm

Mouvement:

Mécanique manufacture 2542, 21 600alt/h, 50hrs rdm

Boitier / Verre:

Acier

Bracelet:

Cuir

Cadran / Luminosité:

Blanc cassé, chiffres appliqués/Tritium

Complications:

N/A

Étanchéité:

N/A

Entre cornes:

18